Traitements généraux du cancer du sein
Les cancers invasifs ou infiltrants sont des cancers qui, faute de traitement, quittent leurs tissus d'origine pour envahir les tissus voisins. Les cellules des cancers infiltrants se propagent par les vaisseaux sanguins ou lymphatiques et s'accumulent dans les ganglions lymphatiques.
Lorsque les cellules cancéreuses migrent dans d'autres organes (poumon, os, foie, cerveau) et y développent de nouvelles tumeurs (appelées métastases), on parle alors de cancer métastatique.
Ces cancers sont traités avec des thérapies systémiques, qui contrôlent ou détruisent les cellules cancéreuses dans le flux sanguin.
La chimiothérapie
La chimiothérapie est le traitement le plus utilisé pour les cancers du sein invasifs.
Elle consiste à injecter, par voie orale ou intraveineuse, des substances chimiques qui enrayent ou ralentissent l'évolution des cellules tumorales. Il existe plusieurs types de chimiothérapie qui varient selon la patiente.
La chimiothérapie est utilisée pour les cancers invasifs, mais aussi pour éviter les rechutes (traitement adjuvant) ou bien pour réduire la taille de la tumeur avant de l'enlever (traitement néoadjuvent).
- fonctionnement biochimique de la chimiothérapie:
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rappel: le cycle cellulaire |
La majorité des traitements fonctionnent par arrêt de la mitose (division cellulaire). Et, comme les cellules cancéreuses se développent plus vite, leurs mitoses sont plus fréquentes que celles des cellules normales, elles sont donc plus sensibles à la chimiothérapie: c'est l'effet différentiel.
- Ce traitement se divise en familles selon le mode d'action biochimique:
- les alkylants: Ils possèdent un ou plusieurs radicaux électrophiles qui se lient aux bases guanines de l'ADN. Cela crée des cassures, des mutations ou des liaisons anormales entre les brins d'ADN qui empêchent la réplication de l'ADN et stoppent donc la mitose.
Le cyclophosphamide est un des alkylants les plus utilisés.
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Formule chimique développée du Cyclophosphamide
formule brute: Cl2N2O2P H |
-les antimétabolites: ils inhibent la synthèse des bases nécessaires à l'ADN. Par exemple, les antimétabolites simulant la thymine (la thymidilate synthétase) peuvent être incorporées dans l'ADN. Ils remplacent ainsi les bases azotées qui auraient dues être intégrées dans l'ADN au cours de la phase S du cycle cellulaire, entraînant l'arrêt du développement normal et de la division de la cellule.
Le 5-fluorouracile est le nom d'une thymidilate synthétase.
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Formule chimique développée du 5Fluorouracile (sans les carbones)
formule brute: C4H2FN2O2 |
-les intercalants: Ils s'intercalent dans la molécule d'ADN en modifiant soit sa structure, soit sa réplication et sa traduction en ARN.
L'Epirubicine fait partie des intercalants.
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Formule chimique semi-développée de l'Epirubicidine:
formule brute: C27H29NO11 |
- Déroulement d'une séance de chimiothérapie
Il existe 2 principaux mode d'administration des médicaments de chimiothérapie: l'injection par intraveineuse ou par voie orale.
L'injection intraveineuse permet une diffusion rapide des médicaments dans tout l'organisme. Elle se fait par perfusion ou par le biais d'un cathéter (appelé aussi "chambre implantable" ou "port-à-cath", tuyau souple et fin installé dans une veine afin d'y injecter un produit ou des médicaments. Il diminue le risque d'écoulement). La durée des perfusions de chimiothérapie varie selon le protocole prescrit par le médecin.
La plupart du temps, la patiente se rend à l'hôpital pour une injection d'une demi journée toutes les 3 semaines. En effet, l'efficacité des médicaments diminue de moitié au bout de 3 semaines, il faut donc une nouvelle injection. Un protocole comprend en moyenne 6 à 8 séances de chimiothérapie.
La chimiothérapie engendre de nombreux effets secondaires.
La patiente peut ressentir une extrême fatigue, peut être atteinte de vomissements ou de nausées. Elle perd généralement ses cheveux, sourcils, poils ainsi que du poids et dans certains cas, ses ongles.
D'un point de vue biologique, la chimiothérapie est un réel poison pour l'organisme. Elle détruit les cellules malades mais aussi des cellules saines. De même, elle entraîne la perte de globules rouges (anémie), de globules blancs (la patiente est beaucoup plus sujette aux infections), des plaquettes (risque d’hémorragie).
Il existe d'autres traitements pour traiter des cancers plus spécifiques.
I) L'immunothérapie
20% des cancers du sein possèdent à la surface de leur cellules un grand nombre de protéines particulières appelées HER2. On dit que ces cellules sur-expriment cette protéine. HER2 est un facteur de croissance qui stimule la production de cellules cancéreuses.
Des études récentes ont montré qu'un anticorps monoclonale appelé trastuzumab empêche cette protéine d'agir en bloquant son récepteur.
Les anticorps sont des protéines produites par les lymphocytes (cellules du système immunitaire qui protègent l'organisme des infections). Le rôles des anticorps est de neutraliser certaines substances chimiques, les antigènes, qu'il reconnaissent comme n'appartenant pas à l'individu. Certains anticorps monoclonaux peuvent être produit en laboratoire.
Le trastuzumab est utilisé en même temps que la chimiothérapie puis au delà. Ce traitement est administré suivant un protocole proche de celui de la chimiothérapie (injection par perfusion ou cathéter, à l'hôpital). Il dure environ un an, et les injections se font généralement toutes les 3 semaines.
II) L'hormonothérapie
Les cellules cancéreuses ont souvent des récepteurs hormonaux à leur surface. Des hormones, telles que l’œstrogène, se fixent sur ces récepteurs. Or, ces hormones peuvent être responsables de cancers du sein, appelé cancers "hormono-dépendants". Il existe donc un traitement anti-hormonal qui à pour objectif de supprimer l'action des œstrogènes en empêchant les hormones de se fixer aux récepteurs: l'hormonothérapie.
L’œstrogène est une hormone qui joue un rôle important dans la croissance des seins. Ainsi, à la puberté, la quantité de cette hormone augmente, et est de cette manière responsable du développement des seins. A l'inverse, son taux diminue lors des grossesses et des allaitements.
Plusieurs cancers du sein dépendent de l’œstrogène, il est possible donc de stopper la croissance des cellules cancéreuses en retirant l’œstrogène de l'organisme.
- Il existe plusieurs hormonothérapies qui diffèrent selon leur fonctionnement, voici les caractéristiques des principales:
-L'ablation des ovaires s'effectue par intervention chirurgicale ou par irradiation. C'est une castraction définitive.
-Le Tamoxifène est un modulateur sélectif des récepteurs des œstrogènes utilisé sous forme orale dans le cancer du sein. Il est pour l'instant le traitement le plus vendu dans le cadre de l'hormonothérapie.
-Les inhibiteur de l'aromatase (l'anastrozole, le létrozole et l'exéméstane) sont des substance qui ralentissent ou stoppent la réaction chimique de l'aromatase. Cela empêche la conversion des hormones mâles en hormones femelles. Ce traitement n'est efficace que chez les femmes ménopausées. En réduisant la production d’œstrogène, ce traitement prive les cellules cancéreuses d’œstrogène, provoquant ainsi la réduction de la taille de la tumeur.
-L'ostéoporose est une maladie qui réduit la densité et la masse de l'os. La conséquence est que les os tendent à devenir de plus en plus cassants pour mener éventuellement à des fractures.
-La thrombo-embolie est une affection caractérisée par la formation dans les veines de caillots de sang coagulé qui risquent, en se détachant, de provoquer des embolies.
-Le cancer de l'endomètre, appelé aussi cancer du corps utérin, est le cancer qui se développe à partir de l'endomètre (tissu de l'utérus où se produit la nidation). Il ne doit pas être confondu avec le cancer du col de l'utérus car les causes et les caractéristiques épidémiologiques de ces deux cancers sont différentes.
Action biologique de l'hormonothérapie (Tamoxifène et inhibiteur de l'aromatase) sur les cellules cancéreuses: